Yves-Michel BONTINCK, mandaté par la CFTC auprès du CREFOP, nous livre ici des éléments régionaux d’appréciation sur l’emploi et la formation en Hauts-de-France. De quoi alimenter la réflexion et la prise de conscience de tout salarié en région “qu’emploi et formation” sont intimement liés en termes d’efficacité !
Un diagnostic selon 4 axes :
- Population des Hauts de France
- Entreprise et Emploi
- Marché du travail
- Formation
I Population des Hauts de France : « Une région qui doit apprendre à vieillir »
Les statistiques montrent que la région est :
- vieillissante,
- enregistre le 2e taux de pauvreté.
Le niveau de formation de la population tend à se rapprocher de la moyenne nationale :
- 63,2% des jeunes de 15-24 ans sont scolarisés pour 66% en France métropolitaine
- La part de non-diplômés en région recule (-4,7 pts en 5 ans) mais reste supérieure à celle de la France métropolitaine (+3,9 pts)
- La part des diplômés de l’enseignement supérieur augmente (+2,8 pts en 5 ans) mais reste inférieure à celle de France métropolitaine (-5,1 pts).
- La proportion de jeunes non insérés (NEET) diminue mais touche encore un jeune sur cinq chez les 15-24 ans. C’est le taux le plus élevé de France métropolitaine (15,9%).
- L’illectronisme touche tout d’abord les plus âgés et les peu ou pas diplômés
L’avis CFTC HdF : Ces éléments d’appréciation doivent influer sur les politiques régionales à venir en matière de formation pour l’accès à l’emploi.
II Entreprises et emploi
- Entre 2007 et 2018 :
- + 55 000 emplois sur les zones d’emploi de Lille, Douai, Arras, Boulogne-sur-Mer et Lens.
- – 30 000 emplois sur les zones d’emploi de Cambrai, Calais, Saint-Quentin, Maubeuge, Soissons.
- Evolution très positive (+10% et plus) à Lille, Douai et Arras dans le tertiaire marchand, à Boulogne et Compiègne dans le tertiaire non-marchand, et à Douai et Béthune s’agissant du secteur agricole.
- Diminution importante (-20% et plus) dans le secteur de l’industrie à Calais, Roubaix, Compiègne et Douai, ainsi qu’à Beauvais, Saint-Quentin, Roubaix et Maubeuge dans la construction, et à Boulogne et Compiègne dans l’agriculture.
L’avis de CFTC HdF : Ces éléments sont autant de facteurs justifiant que notre syndicat CFTC les prenne en compte dans le cadre de son action dans les territoires.
- en 2019 :
- Le top 5 des métiers en difficultés de recrutement – très forte tension – les plus représentés en région sont :
- Aides à domicile et aides ménagères (56k emplois)
- Conducteurs routiers (32k emplois)
- Attachés commerciaux (28k emplois, métier porteur)
- Cadres administratifs, comptables et financiers hors juristes (26k emplois, métier porteur)
- Techniciens et agents de maîtrise de la maintenance et de l’environnement (22k, métier porteur)
- Le top 5 des métiers en difficultés de recrutement – très forte tension – les plus représentés en région sont :
- Les 5 métiers avec les tensions globales les plus fortes en région sont :
- Dessinateurs en électricité et électronique (469 emplois, métier porteur)
- Géomètres (1000 emplois, métier porteur)
- Ingénieurs du bâtiment et des travaux publics (6000 emplois, métier porteur)
- Techniciens experts(12000 emplois, métier porteur)
- Ingénieur et cadres d’étude, recherche et développement en informatique, chefs de projet en informatique (14000 emplois, métier porteur)
- Agents de maîtrise et assimilés en fabrication mécanique (7000 emplois, métier porteur)
La notion de “marché porteur” : un “marché porteur” identifie une activité économique en pleine croissance avec, dans le cas présent, un fort recrutement. Mais attention, saisir les occasions d’emplois offertes par un marché porteur implique d’être formé ou d’être en mesure de se former rapidement pour saisir les opportunités lorsqu’elles se présentent. D’où l’intérêt de la formation continue afin de disposer des compétences ad oc et/ou de se mettre rapidement à niveau.
III Marché du travail
Le taux de chômage atteint 9,4% de la population active au 1er trimestre 2021 en Hauts-de-France, soit 25 pts de moins depuis 2016.
Dans les 5 départements, les taux de chômage sont parmi les plus bas depuis 2008. Les Zones d’Emploi (ZE) d’Arras, Berck et Lille ont un taux de chômage inférieur à la moyenne nationale.
Le halo du chômage regroupe 3 profils de personnes inactives :
- En recherche d’emploi mais n’est pas disponible (16%)
- Ne recherche pas d’emploi mais est disponible (55%),
- Ne recherche pas un emploi et n’est pas disponible (29%)
En période de pertes d’emploi, certaines personnes, découragées par la situation du marché du travail, ne recherchent pas d’emploi et passent dans la catégorie des inactifs.
En période de croissance économique, certains inactifs retournent sur le marché du travail. Le taux de chômage ne diminue pas alors que l’emploi repart.
Précision sur le halo autour du chômage : il est constitué d’inactifs n’étant pas au chômage au sens du Bureau international du travail mais étant dans une situation qui s’en approche. … Leur passage vers le chômage, voire vers l’emploi, est fréquent. D’autres, moins diplômées, sont plus souvent découragées dans leur recherche d’emploi.
Les chiffres d’aujourd’hui constituent une dynamique plutôt rassurante de la demande d’emploi au 1er trimestre 2021.
Les demandeurs d’emploi de moins de 25 ans sont surreprésentés en région (15,5% contre 13,1%)
Il est constaté une hausse significative des demandeurs d’emploi seniors (50 ans ou plus avec +12,5% en 5 ans) au 1er trimestre 2021. Une hausse qui n’est pas simplement imputable au vieillissement de la population.
La part de demandeurs d’emploi de longue durée (DELD) atteint 53% en région, part la plus élevée de France métropolitaine.
Au 1er trimestre 2021, le nombre de DETLD – DE de très longue durée – atteint 180800 (+ 28,9% en 5 ans) soit 31,1% des DE cat. A, B et C.
La région est la seule qui affiche une reprise de l’emploi en hausse. Une reprise des recrutements centrée sur des emplois durables en 2020.
Au 1er trimestre 2021, 478 280 offres d’emploi diffusées en un an.
Un établissement sur 5 prévoit de réaliser au moins un recrutement en 2021 :
- 39,7% sont jugés difficiles
- 30,7% sont des projets saisonniers
IV Formation Continue : 106 500 demandeurs d’emploi formés
Au premier trimestre 2021, sur un an glissant, la région enregistre 113 240 entrées en formation soit +24,5 points sur cinq ans
En 2020, 41,1% des DE sortants de formation ont accès à l’emploi dans les 6 mois : soit une baisse de 9,4 pts en 5 ans liées aux différents confinements.
Zoom sur l’insertion professionnelle des DE bénéficiaires du PRF 6 mois après la fin de la formation
- 61% ont une sortie positive, que ce soit en emploi ou en formation.
- Le niveau de la formation suivie favorise le retour à l’emploi
- 80% des Bac+3 et +
- 50% pour les niveaux inférieurs au Bac
- Près de 6/10 stagiaires sont en emploi durable
- Pour 72% l’emploi est en lien avec la formation suivie.
- Pour 2/3 la formation a été déterminante dans l’obtention de leur emploi
- 91% des emplois occupés par les stagiaires sont localisés dans la région.
Accompagnement vers la formation :
- 12 333 décrocheurs en octobre 2020 : baisse de 17,6%. 3 180 sont en situation de retour en formation ou emploi. Plus de la moitié ont moins de 18 ans. Moins d’un jeune sur 10 décroche au collège
- 10 454 jeunes de 16 à 18 ans sont concernés par l’obligation de formation (étant ni en études, ni en formation, ni en emploi) 59,5% sont en accompagnement (pris en charge par les missions locales ou les acteurs de l’Éducation nationale et leurs partenaires). Près de ¾ sont entrés en situation de retour à l’école, d’accès à la qualification et à l’emploi.
Formation Initiale
- Voie scolaire : 258 300 Lycéens
- Apprentissage : 48 800 apprentis
- Universités et grandes écoles : 190 000 étudiants
Poursuite d’études post 3ème
- Vers la seconde Générale et Technologique 64% (soit 3 points de moins qu’en France métropolitaine)
- Vers la 2 seconde professionnelle 22,5% (soit 4 points de plus qu’en France métropolitaine)
- Vers le CAP 4,4% (soit1,3 point de plus qu’en France métropolitaine)
- A noter que l’apprentissage se développe : 3,2% soit +2 points en 5 ans
La répartition des bacheliers selon le type de bac préparé se rapproche de celle du national :
- 50% préparent un bac général,
- 30% un bac professionnel et 20% un bac technologique
Taux de réussite et poursuite d’études post-bac :
- Augmentation : avec 94.3%, c’est 0,8% en dessous du taux national (95,1%) mais les écarts se réduisent progressivement
- Le taux de poursuite d’études des bacheliers plus élevé en région Hauts-de-France qu’au national.
- En 2020, 77,5% des bacheliers poursuivent des études dans l’enseignement supérieur – 77,1% en France métropolitaine
- Forte hausse de poursuite d’études des bacheliers issus de la voie professionnelle (+7,9 pts depuis 2016)
- La poursuite d’études des bacheliers professionnels vers le BTS est plus important qu’au national. Hausse constante depuis 2016 et supérieurs à la moyenne nationale de +2,7 points en 2020.
Apprentissage :
- 48 800 apprentis :
- +26% d’augmentation par rapport à 2019.
- 4,6% des jeunes de la région suivent une formation en apprentissage
- Élévation du niveau de diplôme préparé par les apprentis, : 47% des apprentis préparent un diplôme de l’enseignement supérieur (51% au national).
- 119 CFA en Hauts-de-France à la rentrée 2020 / 40 CFA sans tutelle pour 2 255 apprentis
Insertion professionnelle :
- Le taux d’emploi régional reste inférieur à la moyenne nationale. Excepté pour les niveaux 5 (BTS) en apprentissage.
- 37% des lycéens sortants d’une formation en voie scolaire sont en emploi six mois après leur sortie de formation (43% au national).
- 61% des lycéens sortants d’une formation en apprentissage sont en emploi six mois après leur sortie de formation (63% au national)
CFTC HdF souligne une nouvelle fois qu’un niveau de diplôme élevé favorise l’insertion dans l’emploi
Enseignement supérieur :
- Avec 237 849 personnes, le nombre d’inscrits en enseignement supérieur augmente en 2020-2021
- 79% au sein de l’académie de Lille
- globalement 8,7% des effectifs de France métropolitaine
Réalité régionale selon la CFTC HdF : Lille et Amiens sont les principaux pôles étudiants. Est-ce suffisant ? la question reste posée entre proximité des structures d’enseignement et taille critique pour un enseignement de qualité. La réponse est sans doute dans le soutien au logement et aux déplacements des étudiants.
Attractivité forte (Nombre de demandes pour 1 place) :
- IFSI (Institut de formation en soins infirmiers ) :
- 55 sur l’académie de Lille
- 38 sur l’académie d’Amiens
- Ecoles d’ingénieurs :
- 23sur l’académie de Lille
- 14 sur l’académie d’Amiens
Filières plébiscitées selon les niveaux (communes aux 2 Académies) :
- Niveau Licence : Sciences et techniques des activités physiques et sportives
- Niveau DUT : Techniques de commercialisation
- Niveau BTS : Management commercial opérationnel
En savoir plus : CREFOP Hauts-de-France